A trente ans (je suis née en 1954), j’ai étudié la médecine traditionnelle chinoise, avec Leung Kok Yuen et l’UEMC, « Université Européenne de Médecine Chinoise », association loi 1901, dont le siège était en Alsace.
Né à Canton au tout début du XXe siècle, fils et frère de médecins, Leung avait appris la médecine traditionnelle de son pays, son frère la médecine allopathique occidentale, la Chine s’ouvrait à l’occident. Ils respectaient ainsi la décision de leur père, décidé à connaitre de l’intérieur les deux médecines pour pouvoir les comparer.
C’est Leung qui m’a le plus appris sur notre médecine allopathique actuelle, une très bonne médecine d’urgence.
Pour les maux du quotidien, il vaut mieux choisir d’autres manières de se soigner, manières basées sur des approches différentes de l’être humain.
Dans la Chine ancienne, dont Leung a fait partie, les enfants étaient choisis et formés pour être médecin dès l’âge de 6 ans. Ils étaient initiés à la médecine par des comptines leur apprenant les bases de la santé, comptines décrivant entre autres le Yin et le Yang et les conséquences de leurs déséquilibres non rétablis sur la santé et le maintien en santé.
Ces deux forces s’équilibrent et se déséquilibrent sans cesse, aussi bien dans le corps que dans chacun des organes internes. Un autre nom pour Yin est Eau, Feu pour Yang.
Yin-Yang : malaisé pour nous en Occident de cerner ce que recouvre ces deux notions si familières en Chine.
Pour la philosophie qui sous-tend la médecine traditionnelle chinoise, Yin et Yang sont les deux composantes principales de l’Univers, deux forces qui se complètent et s’harmonisent sans cesse. Elles existent dans l’Univers, tout comme dans chaque être humain, chaque être vivant ; ce sont deux polarités fondamentales, à la fois complémentaires et opposées. De leur bon équilibre dépend notre état de santé physique, psychique et émotionnel ; ces polarités sont assimilées aux propriétés négatives et positives de cette énergie, de même que le courant électrique a un pôle positif et un pôle négatif.
La terre est Yin, puisqu’elle est compacte et condensée, le ciel est Yang, puisqu’il est sans cesse en expansion, l’être humain est le trait d’union entre les deux.
L’être humain est comme un cercle où l’énergie circule, cercle dans lequel il n’y a ni début, ni fin. Le Yin et le Yang sont reliés à l’intérieur de ce cercle, et le sang ne peut circuler que parce qu’il y a équilibre entre le Yin et le Yang, ces deux forces le faisant circuler à travers les vaisseaux, forces qui répondent au nom récent de pression artérielle. Quand il y a déséquilibres Yin-Yang, la circulation du sang en est affectée.
La vie est un ensemble de phénomènes interdépendants à traiter ensemble, même chose pour la santé ; pour revenir en santé, l’être humain ne peut être coupé de son environnement social, émotionnel, familial et économique et ne peut non plus être soigné symptôme par symptôme sans faire référence à l’ensemble.
La maladie est considérée comme un blocage ou une accélération de l’énergie vitale. Les émotions sont un des grands facteurs de maladie, particulièrement les émotions mal gérées, souvent aggravées par les conditionnements sociaux et familiaux, conditionnements exerçant souvent une pression extrême s’opposant à l’expression des émotions.
Les émotions sont des énergies conductrices qui entrainent et stimulent les différentes actions que le corps manifeste.
Mais si ces différentes actions, ces différentes expressions des émotions sont entravées, on observe un blocage d’énergie d’abord dans l’organe correspondant à l’émotion impliquée, puis avec le temps, des blocages dans les autres organes puisqu’ils sont reliés entre eux. Cette médecine met l’accent sur l’unité du corps, sa relation à l’environnement et aux effets des émotions.
L’esprit est le coordonnateur des impressions, des perceptions et des réactions qu’elles provoquent ; il a un rôle de manager dans les réactions du corps.
Pour participer au rétablissement de tous ces équilibres, la médecine traditionnelle chinoise a développé quatre branches :
- pharmacopée : interventions internes
- exercices internes – méditation, exercices respiratoires – et externes – taï chi chuan, chi qong…
- interventions psychologiques
- interventions physiques externes : acupuncture, massages, manipulations (très proches de l’ostéopathie)…